La Blockchain, qu’est-ce que c’est ?
Avant toute chose, petit rappel de la définition de cette technologie appellé “Blockchain” et son origine.
La blockchain est un système de base de données distribuée qui permet de rendre infalsifiable l’historique des transactions. Avec un système centralisé, les transactions sont enregistrées dans un livre de comptes détenu par un tiers (ex : une banque) sur lequel repose la confiance des utilisateurs. Avec un système décentralisé, le livre de comptes est détenu par l’ensemble des utilisateurs, ce qui le rend impossible à falsifier, et qui permet de se passer d’un tiers en charge de la validation et de l’historique des transactions (une prestation très lucrative, car il y a une situation de quasi-monopole). (Source:fredcavazza.net and more on technologyblockchain.com).
En plein coeur de la Silicon Valley, la Blockchain University tente de démocratiser cette technologie qui est le plus souvent associé aux Bitcoins pour sa complémentarité évidente. Nous nous intéresserons, cependant, à son potentiel impact envers d’autres cas d’usages notamment dans l’Internet des objets.
Ses impacts possibles dans l’Internet of Things
En effet, au même titre que la monnaie virtuelle, les besoins sont forts aussi bien en terme de sécurisation des données, d’historique associé à un objet connecté et d’intéropérabilité. Son organisation décentralisée et sans intermédiaire pourrait aussi permettre à un objet de communiquer avec un autre objet pouvant conduire à certaines prises de décisions autonomes par celui-ci. En amont, les propriétés du code délimiteront les barrières et capacités des objets à prendre les décisions. Le schéma, ci-dessous, montre le possible changement de paradigme à terme concernant la communication inter-objet associant IoT et Blockchain.
Figure 1 : Désintermédiation des échanges = Nouveaux Usages de l’IoT
En terme de sécurisation des données, l’enjeu est fort au vue des données sensibles et critiques qui pourraient transiter dans des solutions de Smart Cities ou encore de santé connectée. La blockchain, qui sécurise déjà les transactions Bitcoin, pourrait ajouter une couche de sécurité en ajoutant une ‘chaine’ associée à l’identité de l’objet connecté. Ainsi, cette “chaine d’identification” permettra aux objets d’interagir entre eux sans avoir à communiquer via une tierce partie (type plateforme cloud) limitant, en conséquence, les sorties d’information ou les attaques potentielles venant de l’extérieur.
Figure 2 : Sécuriser les échanges entre objets pour limiter les risques de hacking
A titre d’exemple, la start-up Chimera permet de lier les objets entre eux afin de coordonner les actions de ces objets. A terme, nous pouvons ainsi imaginer que par l’action d’allumer la lumière au réveil dans chambre, un déclenchement s’effectuera dans la cuisine afin de faire couler votre café.
Cas d’usages
Intéressons-nous désormais aux cas d’usages possibles liant IoT & Blockchain dans différentes industries.
Premier premiers cas d’usage : les Smart Transportation. En effet, pour continuer à désengorger les rues et utiliser de façon efficiente les infrastructures existantes, l’apport de la blockchain pourrait se situer dans la désintermédiation des trajets partagés. Ainsi, il ne sera plus nécessaire de passer par le désormais très célèbre Uber pour se déplacer instantannément d’un point A au point B désiré. La startup Arcade City, présentée comme un “Uber Killer”, se base sur une page Facebook afin de mettre en relation les chauffeurs et passagers avec une importance donnée au profil de chacun pour faire son choix. L’organisation LaZooz se positionne aussi sur cet aspect de plateforme communautaire dédiée au transport.
Autre exemple auquel tente de s’attaquer le projet CargoChain : le transport de marchandises à l’international. Aujourd’hui encore très archaïque, la blockchain pourrait dématérialiser les documents nécessaires au passage de frontière et de livraison tels que les papiers d’authentification, de paiements et de transactions permettant de gagner du temps et donc de l’argent pour ces transporteurs.
L’Internet of Things engendre de forts enjeux/espoirs environnementaux et la Blockchain pourrait encore accélérer le processus de démocratisation de nouveaux usages. Avant d’arriver à l’auto-suffisance energétique de quartiers villes voire pays, la construction de communautés et de gestion des transactions apparaissent indispensables. LO3 Energy tente, ainsi, de multiplier les actions et projets afin de faciliter la création de communauté micro-grid. L’un de leurs projets, Brooklyn Microgrid pour ambition d’à la fois augmenter la part des energies renouvelables générées par la communauté locale, de dévolopper un réseau connecté d’énergies distribuées améliorant ainsi la résilience et l’efficience du réseau local (notamment pour éviter toute coupure d’électricité dans la communauté) et enfin offrir de potentiels gains financiers par la revente d’energie ou création de valeur dans la communauté. Autre projet similaire, Solar Change, via une plateforme basée sur la technologie Blockchain, récompense les contributeurs en energie solaire par l’intermédiaire de SolarCoin avec l’objectif d’éliminer à terme l’utilisation des energies fossiles.
Figure 3 : Vérification de la vaccination par Blockchain
Le marché Healthcare est très certainement l’un des plus impactés par l’arrivée massive des objets connectés et les données quasi-infinies associées à ces objets inquiètent quant à certaines malveillances potentielles. La Blockchain revient naturellement quant à son possible impact positif pour la démocratisation et l’utilisation des données de santé en s’inspirant du modèle des transactions Bitcoin. Philipps Healthcare a ainsi accéléré ce process en officialisant récemment sa collaboration avec Tierion qui aura pour mission de retranscrire les données médicales au sein de la Blockchain afin d’assurer un contrôle et un accès immédiat des données de façon ultra-sécurisée.
Conclusion
Afin de gérer les futures trilliards transactions effectuées par l’Internet of Everythings, la Blockchain (ou un de ces dérivés) pourrait avoir la capacité à donner une réelle autonomie aux objets tout en gardant un contrôle par le “registre” (ledger) des différentes transactions effectuées. Cependant, aujourd’hui, les applications possibles restent encore floues et incertaines et il sera intéressant de suivre cette progression. L’avenir nous dira si l’association de ces deux termes/technologies “hype” made in Silicon Valley n’est juste qu’illusoire ou véritablement révolutionnaire.
Par Gweltaz Lecoz